Les promesses de Schuster
mardi 10 juillet 2007 - 19 h 15 - Olivier DE LOS BUEIS
PANORAMIC
Du beau jeu d’abord, des résultats ensuite. Bernd Schuster, le nouvel entraîneur allemand du Real Madrid, est l’antithèse de Fabio Capello. Et il promet du spectacle aux socios de Bernabeu.
Vingt-et-une sélections seulement mais finaliste du Mondial 1982 et champion d’Europe 1980, le milieu allemand Bernd Schuster n’est pas connu pour être un tendre. Homme de caractère, son faible nombre de capes nationales s’explique par son caractère bouillant. Les sélectionneurs ouest-allemands (à l’époque, l’Allemagne était encore divisée en deux) n’ont pas toujours apprécié les prises de positions tranchées de ce milieu technique. Du coup, Schuster est peut-être passé à côté d’une plus grande carrière individuelle malgré une deuxième place au Ballon d’Or 1980 et deux troisièmes places en 1983 et 1985. Du coup, le joueur aura été plus populaire en Espagne où il a porté les couleurs du Barça puis du Real Madrid, gagnant deux titres avec chaque équipe (Liga + Coupe des Coupes avec le Barça, deux championnats avec le Real Madrid).
Cette popularité espagnole, Bernd Schuster l’a maintenue en tant que coach. Amoureux du beau jeu, les socios des clubs qu’il a dirigés ont apprécié le jeu court pratiqué par ses équipes. Au sein de formations moyennes, l’Allemand a su populariser un football bien léché, plus latin que germanique. Au Levante comme à Getafe, ce style de jeu a surtout permis à ces formations de sortir de l’ombre et de se mettre en avant alors qu’on les condamnait aux joutes pour le maintien. En plus de ses talents tactiques, « l’Ange Blond » a su se faire apprécier par son tempérament. Ce qui jadis lui a valu d’être mis au ban par ses sélectionneurs et coéquipiers de l’équipe de RFA lui vaut d’être aimé par les Espagnols. Ses coups de colère sont célèbres et retentissants. Ainsi, les journalistes qui ont critiqué le Levante ou Getafe savent que les reporters suiveurs du Real Madrid vont devoir bien se tenir.
Celestini : « L’entraîneur le plus cool que j’ai eu dans ma carrière »
Sur RMC récemment, Fabio Celestini, ancien Troyen et ex-Marseillais, parlait de son coach de Getafe. Il pointait le caractère de l’Allemand comme son seul défaut : « Ce qui me fait un peu peur, c’est que le peu de critiques qu’il a eues l’ont fait exploser. Il a secoué tout le monde. S’il fait ça au Real Madrid ça va être compliqué. Mais je ne sais pas s’il n’aura pas une autre attitude. S’il a la même, on va s’amuser la saison prochaine. » Sanguin et intelligent, Schuster va devoir s’adapter dans l’ultra médiatisé Real Madrid. Pour calmer cette presse, il sait qu’il devra répéter les départs tonitruants obtenus en Liga avec ses clubs précédents pour avoir la paix. Sinon, les conférences de presse à Valdebebas et à Bernabeu devraient valoir le coup d’œil.
Les socios, heureux du départ de Capello malgré le titre obtenu, espèrent eux retrouver du beau jeu à Bernabeu. Si les cadres du Real Madrid jouent justement le jeu sur et en dehors du terrain, le public ne devrait pas être déçu : « Il a une philosophie de jeu qui va plaire aux joueurs, confiait Celestini sur RMC. C’est l’entraîneur le plus cool que j’ai eu dans ma carrière. Il laisse beaucoup de liberté aux joueurs. Il y a une liberté offensive énorme. Il veut qu’on ait le ballon. » Les techniciens du Real Madrid vont peut-être retrouver le sourire qui les a fuit si longtemps malgré le titre. Schuster, lors de sa présentation, a déjà indiqué que sa défense jouerait « plus haut » et pour résumer son style de jeu, il a été clair. « Je veux que mes équipes jouent d’une manière conforme à ma façon de voir le football. Si quelqu’un m’a déjà vu jouer, je crois qu’il sait parfaitement comment mes joueurs joueront. Nous allons bien jouer et ensuite, nous verrons jusqu’où nous pourrons aller. » Reste maintenant à transformer les promesses en actes.